La domestication du chien est la plus ancienne qui soit : elle remonte au paléolithique, période qui commence il y a 3 millions d'années (Lucy) et s'achève il y a 12 000 ans, incluant l'apparition de l'homo habilis puis celle de l'homo sapiens, d'abord le néandertalien et ensuite il y a 200 000 ans, le cromagnon (c'est à dire nous). Elle précède de très loin la domestication de toute autre espèce ainsi que celle de l'agriculture et de la sédentarisation de l'homme.
En réalité, elle est encore bien plus ancienne en ce qui concerne l'espèce "canidé lupus" (le loup) dont le chien s'est séparé il y a seulement 15 000 à 20 000 ans et qui possède avec lui 99% de patrimoine génétique commun (ils sont inter féconds donc il y a des croisements et création de multiples variations voire "espèces" intermédiaires dont le superbe Berger d'Anatolie, ce molosse qui chasse les ours -et les loups- et qui actuellement est essentiellement végétarien.) En fait, tout chien, même le petit bichon à noeud-noeud à son pépère ou sa mémère est un loup qui a évolué en chien puis en diverses sous-espèces, soit naturellement soit par la sélection génétique infligée par l'homme.
Un cas unique : dans l'évolution des espèces, l'homme et le chien ont constitué une sorte de tandem dont chaque élément s'est modifié parallèlement et en totale symbiose avec l'autre. Le loup (pur) de l'homme de Néandertal est ensuite devenu "chien" ... tandis que (beaucoup plus tôt) l'homme de Néandertal est "devenu" Cromagnon ... ou plus exactement, a été éliminé par celui-ci après avoir coexisté avec un certain temps ... (éliminé c'est à dire peut-être génocidé et mangé... à moins, qu'inter féconds, ils aient constitué une espèce intermédiaire qui tiendrait génétiquement des deux.. voire les deux hypothèses à la fois.)
C'est peu de dire que ces deux races (homme et chien) sont proches, elles semblent avoir vécu et évolué en osmose : au cours de ces millénaires de proximité totale, elles ont développé et accentué leurs traits initiaux complémentaires afin de s'adapter l'une à l'autre... pour le meilleur des deux, de l'homme comme du chien (ou du loup).
Le loup au départ devait garder le logis (la caverne ou le campement). Le hasard et la nécessité ; au commencement, il est probable qu'un louveteau orphelin a été adopté et domestiqué.. par un enfant (?) néandertalien (des cueilleurs- chasseurs, mais surtout cueilleurs) ... puis, devant les services rendus, la coutume se serait installée. Il tenait chaud (c'était avant la découverte du feu et les températures étaient extrêmement basses) et il pouvait aider à la chasse. En échange il était nourri régulièrement voire soigné (et vice versa, la salive du chien -donc aussi celle du loup- a des propriétés actuellement reconnues : anti inflammatoires, bactéricides et cicatrisantes... et sans doute d'autres encore que nous ignorons, voir article précédent.) Le néandertalien (dont, rappelons le, le cerveau était plus gros que le nôtre) s'en était-il aperçu? Avait-il senti que cela pouvait être bénéfique ? (Les mères louves léchaient bien leur petits.) C'est évident. Cet instinct, nous l'avons en partie perdu, pas totalement pourtant, surtout ceux qui vivent près de la terre. Leur vie était rude : le froid, les bêtes fauves, pas encore de vêtements, et peu de poils cependant (même s'ils étaient plus velus que le cromagnon).. des enfants sans doute en série, un mode de vie qui nécessitait des déplacements constants.. le loup (qui, même domestiqué, devait aussi par instinct chasser pour son compte comme le font nos toutous actuels) était plus qu'utile. Ramenait-il parfois ses proies à ses maîtres? L'avaient-ils dressé pour cela? L'avait-il fait simplement par gentillesse comme notre Minou actuel lorsqu'il nous rapporte fièrement, dans notre lit, des souris sans têtes? C'est évident. Et puis, lui pouvait chasser sous la neige et sur de très longues distances, flairer les proies, les débusquer, les tuer d'un coup ; pas l'homme, mal outillé, qui risquait sa vie à chaque chasse.
Cela explique peut-être la relation très particulière que, par une sorte de conscience collective réminiscente, nous entretenons avec lui, du moins certains d'entre nous.. car la "civilisation", celle de l'Hygiène, de la technique, de Fukushima et des camps de la mort (les japonais comme les allemands sont des gens très propres) nous a fait oublier notre passé, le dénigrer et rejeter avec un imbécile mépris ce qu'il a d'irremplaçable, y compris pour notre bien-être voire notre survie. Le chien (et les animaux en général) font parti de la charrette. L'homme est un animal dénaturé qui, autour de lui, dénature (tue) TOUT ... et qui, sans en avoir conscience, se suicide et va disparaître.
Une image :
On peut supposer que c'est un enfant néandertalien qui, ayant trouvé un bébé loup affamé demanda à sa mère de le garder (et non de le manger, ce qui devait être l'usage)... et que celle-ci a cédé... Puis, entre deux accouchements, elle s'est rendue compte que le petit loup était devenu un compagnon fidèle, affectueux.. et un gardien irremplaçable pour les gamins que, entre cueillettes, surveillance du campement contre des tigres à dent de sabre (!) les bébés en série, l'allaitement (notre ancêtre était plus surmenée qu'une cadre sup des télécoms à Paris), elle ne pouvait avoir à l'oeil à tout instant. Il lui rendait de sacrés services. De surcroît, devenu gros (et peut-être en partie vegan .. comme les bergers d'Anatolie qui pèsent entre 55 et 70 kg) il tenait chaud aux bébés qu'il léchait consciencieusement .. ce qui guérissait leurs plaies. Elle a donc été suivie par d'autres. Puis le petit loup, devenu adulte, est ensuite allé batifoler ou, s'il s'agissait d'une femelle, des mâles sont venus lui présenter leurs hommages ... (tout comme nos toutous actuels)... Et la voilà prégnante : il y a gros à parier qu'au campement, on s'est arraché les petits d'une telle valeur. (Peut-être même a-t-on a tenté de tuer des mères sauvages pour s'en procurer ? car tel est l'homme.) Et le loup, qui ensuite devint chien, s'est installé dans nos domiciles pour toujours. De plain droit.
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Une étude est en cours pour vérifier (et expliquer?) pourquoi les gens qui vivent près des chiens en général semblent mieux se porter et mieux résister aux microbes environnants entre autre.
"Nous avons co-évolué avec les chiens au fil des millénaires, mais personne ne comprend vraiment ce qu'est cette relation chien-humain qui fait que nous nous sentons bien en leur présence. Est-ce seulement parce qu'ils sont aimants, doux et que nous aimons les caresser, ou y a-t-il quelque chose d'autre qui se passe biologiquement (sous la peau) ? La question est vraiment de savoir si la relation entre les chiens et les humains existe sous la peau. Et nous pensons que c'est le cas" (Kim Kelly, étudiante en anthropologie et co-auteure de l'étude.)
Article associé (la salive du chien)
http://journalphilozoique.blogspot.com/2015/12/la-salive-de-chien-cest-bien.html
(voir aussi articles précédents)
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