mardi 20 octobre 2015

Dialogue sur la toile ; la mort des reproductrices.. et des animaux en général vue par les enfants.

Merci de l'info Solveig (ndlr, une image insoutenable d'une truie reproductrice abîmée par les maternités et les mauvais traitements qu'on va abattre) ; à rajouter évidemment.


Mais c'est valable indépendamment des abattoirs pour toutes les reproductrices : n'achetez JAMAIS de chiens d'élevage svp même si l'éleveur est connu, sympa et fait l'admiration de tous les imbéciles dont je fus ... le dernier que j'ai vu dans le bled (serviable, il avait même réussi à débarrasser mon caniche de toutes ses puces avec un produit de sa composition non toxique, résultat immédiat) ... avait pour coutume d'abattre (comment? l'histoire ne le dit pas) ses reproductrices dès qu'elles donnaient des signes de fatigue/maladies, ou simplement au delà d'un certain âge, pas de problème, il avait toujours en réserve des jeunes, je le sais pour avoir employé un jeune type qui était venu avec une superbe chienne (de race... mettons "azerty") qu'il m'avait dit avoir récupérée du gus. Il était venu lui demander comme un job normal de creuser un trou dans sa campagne.. il a commencé... et heureusement a demandé pourquoi, la chienne était là, toute contente ; "pour l'enterrer" fut sa réponse en toute simplicité :  "elle est trop vieille à présent les petits ne seront plus assez bien". Il a arrêté et l'a prise aussitôt, le gus était ravi, ça lui économisait le prix du boulot. Voilà l'histoire de Daisy, pas vraiment maltraitée mais épuisée (en fait même pas apparemment !! mais le salopard était consciencieux il ne voulait que du premier choix) après ? x maternités qui lui avaient rapporté un paquet de fric. Ces choses là on ne les voit pas, on ne les sait pas et je m'extasiais naïvement sur son savoir faire, l'excellent état de ses animaux (forcément!) et ses installations.
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Un texte en commentaire que je reprends d'une autre manière

(Ndlr, il s'agit d'un homme qui évoque son enfance durant laquelle on l'a amené à oublier que la "viande" qu'il mangeait était des animaux... que par ailleurs il aimait. Moi, ce fut pareil et même pire.) C'est ainsi que les enfants comprennent qu'on leur a menti et pour moi ça a été un sacré choc : hideux et anti pédagogique à la fois.. J'ai réécrit le texte de cette manière ; des paysans voisins que j'aimais comme ma propre famille, du reste ils en faisaient presque partie.. tuaient. Je l'ignorais. Ce fut un énorme choc. Des salauds? Yvette ? Jo ? Marguerite ? Madame Rodier ? (et ma grand mère et ma tante elles mêmes n'étaient pas blanc-blanc puisque c'est elles qui me mentaient) ? je n'osais pas le dire ni même le penser mais c'était bien ce qui sourdait en moi. Menteuses en tout cas. Ça c'était sur. Et on me demandait de ne pas mentir !

Le texte repris :

J'aime la viande. J'aime son odeur, son goût, le parfum du thym qui cuit avec le ragoût. Depuis toute petite, on m'a dit que c'était indispensable. Que c'était comme ça, que Tante et Marguerite cuisinaient divinement, que je devais leur faire honneur, (et c'était facile car c'était très bon) : des moments de bonheur. Je l'ai cru. Quand je demandais ce qu'était devenue la petite poule grise qui pondait des œufs si bons, on m'a dit qu'elle était devenue méchante, qu'elle battait les autres et qu'on avait du la tuer. Je l'ai cru : de la légitime défense donc, pour les autres petites poules si gentilles. En fait, elle était dans mon assiette. A chaque fois c'était pareil.

J'ai fini par ne plus y penser, les effacer en partie de moi. Ils étaient des aliments. Obligatoires. Mais (beaucoup plus tard) je n'aimais pas voir Lydie (ma mère) couper à la hache le lapin -acheté mort mais entier au marché-, cela me faisait mal, à elle aussi (elle le faisait donc le matin avant que je ne sois levée.) Il le fallait : Jean (son mari) aimait ça.

J'aimais donc les animaux. Lydie (ma mère), Marguerite (ma grand-mère) et Josée (ma grand- tante) aussi les aimaient. Et même Yvette (!!) la voisine agricultrice les aimait, était bonne envers eux. J'ai grandi avec des chats, des poules et une chèvre. A coté de chez nous, chez Yvette et chez Madame Rodier (une autre voisine elle aussi paysanne) il y avait aussi des chiens, des vaches et un mulet. Les chats et les chiens avaient un nom, comme le mulet. Il étaient bien vivants (les manger était impensable). Ils servaient néanmoins, à la garde, à la chasse (Monsieur Rodier était chasseur) et au charroi (pour Yvette). De temps en temps pourtant, certains disparaissaient. (Il en venait d'autres.) Je ne posais pas de questions, (je ne venais qu'aux vacances ensuite). Je n'osais pas. Je sentais qu'il ne fallait pas. J'aimais bien Yvette.

Je ne me demandais pas comment venait le lait à la chèvre et aux vaches, je croyais qu'elles étaient faites comme ça : une fabrique naturelle, un robinet qu'on ouvre et referme. Que ça leur plaisait. On me le laissait croire. Je n'ai jamais vu de cabris : je comprends maintenant qu'on les tuait avant que je n'arrive. C'était Yvette (je l'ai su après) qui s'en chargeait, pour rendre service à Marguerite.

Quand, à force de questions et de recoupement avec les chattes, j'ai compris, j'ai demandé ce qu'ils devenaient ainsi que les veaux d'Yvette. On m'a dit qu'on devait les vendre pour qu'ils aillent ailleurs car l'écurie était trop petite. Je l'ai cru. Mais où ? Dans la montagne, chez des fermiers qui avaient plus d'espace ai-je compris. Tout de même : leur mère ne leur manquait-elle pas un peu et ne lui manquaient-ils pas aussi ? (J'avais été privée de la mienne à six mois et je compatissais.) On m'a dit "un peu" mais on ne peut pas faire autrement. J'ai trouvé cela dur. J'imaginais une énorme ferme avec des tas d'animaux partout.. où on récupérait tous ceux que nous ne pouvions garder, notamment Cora, la chienne que j'adorais mais qui elle aussi avait un jour disparu dans cette ferme miraculeuse (j'ignore encore si elle a été tuée -elle mordait- ou si pour elle ce fut exact).. Après tout, une sorte de colonie de vacances..

Je les câlinais tous, je sauvais des escargots, des souris, des oiseaux poursuivis par des chats, des fourmis même que mon cousin s'amusait à ébouillanter (après lui avoir flanqué une raclée) j'ai nourri en cachette des chiens errants et planqué des chatons dans un fenil pour qu'on les trouve trop tard pour les tuer (car cela, on n'avait pas pu me le cacher tout de même mais on me disait qu'ils n'étaient pas vraiment des chatons, si petits, les yeux fermés... bref, pas vraiment vivants et ils auraient pu tuer la mère à force de la téter : légitime défense encore, j'acceptais -mal-.) J'aimais aussi les poissons rouges du bassin qui l'été me suçaient les jambes. Je riais de leur culot.

Mais j'aimais la viande et, habitude faisant nature, je n'y pensais pas : c'était indispensable, n'est-ce pas ? Pour les enfants surtout. Il le fallait. Et puis un jour, j'ai dû aller aux abattoirs de Nîmes. La porte s'est ouverte et j'ai vu.. (...) L'allégorie de la Caverne : j'étais dehors d'un coup et ce soleil là me brûle toujours.

Cela fait 33 ans. Je n'en ai plus mangé depuis. Quand je vois un "steak", je vois l'abattoir. Toujours. J'ai compris l'évidence (et j'étais prof de philo !) : la viande n'existe pas. Ce sont des animaux créés pour être exploités, torturés, assassinés, découpés, broyés, bouillis, écorchés, égorgés, éviscérés. Morts martyrs. J'ai surtout découvert que j'avais été 34 ans une royale imbécile (la petite fille à qui on a toujours menti et qui bon gré mal gré s'est accommodée de ce mensonge sans réellement le remettre en cause !!) et c'est déjà bien. Je suis devenue enfin adulte. Désireuse aussi de convaincre les autres autour de moi. Découvert que je n'étais pas la seule espèce sur terre et que les autres me valaient largement. Et qu'aucun plaisir ne vaut de telles souffrances ou n'importe quelles souffrances. Que nous allions le payer un jour très cher (de notre vie) et que ce sera justice.

Dossier "les abattoirs"
http://journalphilozoique.blogspot.fr/2015/10/dossier-abattoirs.html

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